mardi 3 mars 2009

en communion


Durant la période pré-constantinienne, où les chrétiens, longtemps, n'ont formé que d'assez petits groupes dont l'horizon politique était le martyre, le lieu de culte, inséparable en général de la demeure de l'évêque (alors très souvent marié), s'entourait de locaux d'accueil et de partage. La disposition même de l'ensemble définissait un style de vie liturgique, sacramentel. De même que l'évêque déléguait aux prêtres, avec l'essaimage paroissial, la présidence de l'assemblée eucharistique, de même il déléguait aux diacres l'exercice du sacrement du frère. Mais les deux, en lui, ne faisaient qu'un. Pendant la célébration, les fidèles apportaient solennellement à l'autel une partie des richesses qu'ils avaient produites ou acquises durant la semaine, chacun à sa mesure, à l'exemple de la pauvre veuve dont parle Jésus, et qui, pour peu qu'elle donnât, le prenait sur son nécessaire et non sur son superflu. Le prêtre prélevait sur ces dons le pain et le vin nécessaires à l'eucharistie, le reste était distribué aux plus démunis: le lieu du sacrement était donc simultanément celui d'une redistribution communautaire des richesse. De même les jeûnes, bref mais intenses, n'avaient pas seulement pour but la purification personnelle, mais le partage avec les pauvres: on donnait ce qu'on aurait consommé. Lorsqu'un "frère", par exemple, était mis en prison pour dettes, la communauté dont il était membre s'imposait un jeûne pour le libérer.


O.Clément "La révolte de l'Esprit" p.205

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