vendredi 3 juillet 2009

conscience dogmatique


La Samaritaine, qui ne saisit pas encore la sublimité de l’eau vive, hésite d’abord, ne sachant où son interlocuteur trouvera l’eau qu’Il promet, n’ayant pas même de quoi puiser –et le puits est profond… Elle tente ensuite de le mesurer à Jacob, qu’elle nomme son père, tirant gloire de ce lieu en faveur de son peuple, et elle vante l’eau de ce puits, estimant qu’il n’en est point de meilleure. Cependant, quand elle entend le Seigneur dire : « L’eau que je donnerai deviendra chez ceux qui la recevront une source jaillissant jusque dans la vie éternelle », elle laisse échapper le cri d’une âme ardente de désir et qui se laisse guider vers la foi, quoique encore incapable de regarder purement la lumière : « Donne-moi, Seigneur, de cette eau, dit-elle, afin que je n’aie plus soif et que je ne vienne plus puiser ici ». Or le Seigneur, toujours désireux de se révéler graduellement, lui enjoint de faire aussi venir son mari. Elle, voulant à la fois cacher son passé et recevoir plus vite le cadeau, répond qu’elle n’a pas de mari et s’entend dire le nombre de maris qu’elle a eus depuis sa jeunesse et reprocher de vivre maintenant avec un homme qui n’est pas son mari. Loin de se fâcher de la réprimande, comprenant sur-le-champ que celui qui s’entretient avec elle est un prophète, elle en vient aussitôt à de plus hautes préoccupations.
Voyez-vous ? Quelle noble douceur, chez cette femme, et quel goût pour la science ! « Nos pères, dit-elle, ont adoré sur cette montagne et vous dites que c’est à Jérusalem que se trouve le lieu où il faut adorer ». Regardez quel souci elle couvait dans son cœur, et quelle profonde connaissance elle avait de L’Ecriture ! Combien il en est à présent, parmi les orthodoxes de naissance et les nourrissons de l’Eglise, qui ignorent ce que savait la Samaritaine : que nos pères, c’est-à-dire Jacob et les patriarches issus de lui, avaient adoré Dieu sur la montagne en question !
Ce savoir et ce soin diligent pour connaître l’Ecriture inspirée de Dieu, le Christ les reçoit comme un parfum d’odeur agréable et Il prend plaisir à poursuivre son entretien avec la Samaritaine.


saint Grégoire Palamas "Homélie sur la Samaritaine" (extrait)

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