La lumière
La profondeur invisible de l’espace et son mystère peuvent être suggérés dans l’art et par l’obscurité et par l’effet d’une lumière éclatante ; celle-ci, par le jeu des ombres et des pénombres où elle se plonge et d’où elle émerge, donne aussi à l’espace une atmosphère particulière. Nous prenons spécialement conscience de cette atmosphère lorsque les rayons lumineux se déploient à travers la poussière, la buée, les fumées de l’encens, à l’intérieur d’une église. Mais de toute façon, même réduite à elle-même, la lumière semble répandre dans l’espace sa propre poussière immatérielle, ses milliers de fines particules qui le rendent presque palpable. Si bien que même là où la lumière arrive ou cesse brusquement, nous savons que cette profondeur invisible ou ces hauteurs inaccessibles ne sont pas vides. Notre horreur instinctive du chaos est ainsi surmontée. Autrement dit, l’espace n’a d’existence esthétique que par la lumière ; c’est elle qui lui donne son atmosphère propre, ses vibrations, son dynamisme, qui en fait la matrice de toute vie, de tout ce qui existe. La surface polie des revêtements et des mosaïques de l’église byzantine capte à merveille ces milliers de reflets lumineux, ces mille scintillement continuels ; elle donne force et mouvement à l’espace, ainsi que la montée progressive de la lumière qui de l’obscurité d’une voûte lointaine passe par les demi-teintes et les pénombres des espaces intermédiaires à l’éclat éblouissant de la coupole, que traversent les rayons du soleil. Chaque église byzantine organise ainsi savamment son éclairage.
P.A. Michelis dans Esthétique de l’art byzantin, p. 126
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