mardi 26 janvier 2010

Quelques notes sur Photios Kontoglou 3/3



Critique à l’égard d’un art qui oubliait sa raison d’être, pour tomber dans la distraction, Photios Kontoglou l’était aussi à l’égard des critiques d’art modernes qui, voulant juger des icônes avec les mesures de la Renaissance, n’aboutissaient à rien. Ainsi, André Grabar avait, selon lui, une méthode purement occidentale. Ce qui fait que les détails historiques ou archéologiques qu’il donne sont utiles, mais son jugement sur les œuvres est vide ; il est resté « en dehors du voile », il n’a pas pénétré dans le saint des saints de l’art orthodoxe.


L’art, pour Kontoglou, vise don quelque chose de plus que la nature ou les analogies naturelles. « La vérité dans l’art, observe-t-il, est plus profonde que les analogies et que la naturalité, elle se trouve dans l’essence de chacune des choses que fait l’artiste ».

Photios Kontoglou oppose donc, de façon significative, le naturalisme et la vérité. Le réalisme n’est pas vrai, parce que la nature que voient nos yeux pécheurs n’est pas la vérité, mais le masque de la vérité. En se renfermant dans la représentation de la vie dite naturelle, les peintres occidentaux, à partir de la Renaissance, ont manqué la vie surnaturelle qui sourd de la vision iconographique et du monde transfiguré. Ils ont lâché la proie pour l’ombre. Le résultat, c’est que les œuvres occidentales modernes sont « sans joie et sans âmes ». Au contraire, « les œuvres de l’art byzantin sont les plus initiatiques (apokaluptika) que l’homme ait jamais faites. Ce mysticisme n’a aucun rapport avec le mysticisme morbide du Nord, il est, au contraire, plein de santé, de bonheur et de richesse, quoiqu’il soit austère et ascétique »

Tout cela ne restait pas, chez Kontoglou, pure théorie. Non seulement il avait forgé ces idées en regardant les icônes et en les écrivant, mais il était aussi allé au Mont Athos pour exhorter les moines, alors acquis aux techniques occidentales, à embrasser de nouveau la voie traditionnelle. Il avait obtenu à peu près autant de succès que saint Paul l’Aréopage. Toutefois, son ascèse d’iconographe a porté ses fruits ; et si, un peu partout, on revient aujourd’hui à l’iconographie véritable, ce retour est dû en grande partie à ses efforts.

« L’art de Byzance est, pour moi, l’art des arts… Seul, cet art nourrit mon âme de ses forces profondes et mystérieuses, seul il apaise la soif que je sens au milieu de ce désert aride qui nous encercle. Face à l’art byzantin, les autres me paraissent légers, "ils s’inquiètent pour beaucoup de choses", alors qu’ "une seule chose est nécessaire". Cet unique nécessaire, celui qui l’a compris, l’a vraiment compris ».



mardi 19 janvier 2010

Quelques notes sur Photios Kontoglou 2/3



Photios Kontoglou a souligné, dans ses écrits, combien la nouveauté radicale de l’art picturale chrétien le sépare de toute forme d’art différente. Kontoglou était ainsi très critique à l’égard de l’art de la Renaissance, dans lequel il voyait, non une avancée de l’homme, mais une régression spirituelle, une incapacité à saisir la beauté véritable des modèles de l’iconographie traditionnelle. Ce n’est pas à dire que les peintres de la Renaissance aient manqué de talent : ce dont ils manquaient, c’est la foi. Ils n’avaient pas la spiritualité des iconographes byzantins. N’osant pas renier le Christ ouvertement, ils représentaient des scènes de Sa vie, et des saints, mais avec l’esprit du monde. Pour Kontoglou, comme pour Ouspensky dont il avait traduit et annoté la brochure sur les icônes, l’art de la Renaissance était « un art profane à sujet religieux ».


Il ne faudrait pas croire que cette position fût, chez Kontoglou, la conséquence d’un quelconque chauvinisme artistique. Tout au contraire. Il a commencé par admirer la Renaissance italienne, et son amour exclusif de l’iconographie est venu d’un mouvement de retour et d’approfondissement. En même temps, cette recherche lui a fourni les critères pour apprécier le développement historique de la Renaissance. Pour lui, Cimabue peint encore de façon purement orthodoxe ; Giotto (1276-1337) est à la frontière : quand il peint l’Entrée du Christ à Jérusalem, la représentation de l’âne est déjà une image naturaliste, tandis que le Christ est encore iconographié.

 Ensuite, le goût de la copie de la nature telle qu’elle se donne l’emporte. Ces œuvres naturalistes sont, dit Kontoglou, privées de mystères et du recueillement qui caractérisent les icônes.

Le but du véritable art religieux est atteint par la sobriété, la simplicité, la force et la piété des icônes.

« En les regardant, celui qui prie est apaisé et attendri ».

lundi 18 janvier 2010

Quelques notes sur Photios Kontoglou 1/3



Peintre d’icônes portatives et peintre d’églises, Photios Kontoglou a renoué avec la vraie tradition iconographique, dite byzantine. Il en a non seulement repris les méthodes, mais retrouvé l’esprit.


Kontoglou a été non seulement un grand peintre et un grand critique d’art, mais aussi un initiateur, un mystagogue. Car il s’est rapproché, plus qu’aucun autre, de cet art total, de cette unité de l’art, dont rêvent tous les grands modernes, en comprenant que c’était dans l’Eglise seulement qu’un tel art existait.


Les deux idées principales qui traversent l’œuvre de Kontoglou sont, premièrement, qu’il existe une différence d’essence entre ce que nous appelons « l’art sacré » et « l’art profane » et qu’il est peu légitime de les voir comme deux espèces à l’intérieur d’un genre qui serait celui de « l’Art », parce qu’ils ne s’accordent pas. La deuxième idée est que l’art chrétien, l’art liturgique, est un dans toutes ses manifestations : architecture, musique, iconographie, littérature. Il est un, parce que son but est un et qu’il se fonde sur la Pierre angulaire, le Christ.

lundi 11 janvier 2010

culte des saintes icones, traits fondamentaux. I.Kireievski



« Je considérais un jour dans certaine chapelle une merveilleuse icône de la mère de Dieu, et je méditais sur la croyance enfantine du peuple qui venait prier devant elle. Femmes, vieillards, malades s’agenouillaient, se signaient, se jetaient à terre, face à l’icone. Je fixai attentivement le saint visage… et soudain me fut dévoilé le secret de sa prodigieuse puissance. Je n’avais plus sous les yeux un simple tableau peint. En lui se sont accumulées durant d’innombrables générations les prières spirituelles, les supplications passionnées d’humains déshérités, accablés de maux et de peines ; l’icône s’était ainsi saturée de cette puissance de la foi qui ensuite en rayonne pour se refléter dans le cœur des suppliants. Elle est devenue un être vivant, en qui se rencontre le créateur et la créature. En poursuivant ces pensées, je regardai derechef les femmes, les vieillards et les enfants prosternés dans la poussière devant la sainte icône, puis je me remis à la considérer elle-même. Les traits de la mère de Dieu s’animèrent tout à coup, la vie les pénétra. Les regards de ses yeux remplis d’amour et de pitié descendaient sur ces simples fidèles… ; je m’agenouillai avec eux tous et je priai humblement. »

Ivan Kireievski

vendredi 8 janvier 2010

à la rencontre du Christ


Ceux qui ont besoin de pain vont en chercher le boulanger et ceux qui veulent du vin, vont chez le caviste ; de même ceux qui ont voulu célébrer par des chants et des hymnes les fêtes du Christ, se sont adressés à un fournisseur de qualité, à saint Grégoire de Naziance, appelé aussi le Théologien par excellence.


saint Nicodème l’Athonite, commentaires sur les Canons des Fêtes du Seigneur.

jeudi 7 janvier 2010

anamnés...... Kainotomia




Message aux abonnés ainsi qu’aux lecteurs: le titre de ce blog va changer par Kainotomia. Une explication de ce choix, ainsi qu’une présentation aux lecteurs de ce blog va bientôt être faite dans un encadré sur la colonne à droite.


Par ce message je tiens à remercier http://www.moinillon.net/ , http://orthodoxologie.blogspot.com/ , http://stmaterne.blogspot.com/ , http://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/ , ainsi que d’autres en différentes langues, qui, quoique indirectement, m'ont donné la force de me lancer dans, permettez-moi l’expression ; l’aventure du net, afin de faire connaître en français, l’Orthodoxie aussi par ce biais.

Sans hésitation et sans crainte marchons avec le Christ notre Dieu, car rien n’est plus fort que la Vérité qu’Il incarne.
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